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Épisode 1 Podcast : Les discours dominants


Retranscription épisode 1


En cet épisode de lancement du podcast Je Résiste Donc Existe, et avant d’expliquer ce que sont les Pratiques Narratives, nous ferons un détour sur la façon dont nous emmagasinons nos souvenirs.


Nous avons peut-être l'idée que nous gardons les souvenirs des événements de notre vie d'une façon très objective, d'une façon très proche à la réalité. En réalité, le souvenir que nous en gardons, la plupart du temps, est une idée, une interprétation, une narrative des faits. Avec le langage, nous construisons une narrative qui est intégrée dans notre mémoire.


Il est vrai qu’il y a des événements très marquants avec un contenu émotionnel très fort. Dans ces cas, effectivement nous pouvons garder des souvenirs très photographiques et proches de la réalité. Pensez à un événement extrêmement joyeux où extrêmement triste. Par exemple, le jour de votre mariage, le jour où vous avez eu votre premier enfant. Peut-être avez-vous un souvenir très marqué de ces évènements. Vous pouvez peut-être même vous les projeter tel un film. Il peut s’agir d'autres événements, étrangers à votre vie personnelle mais qui vous ont fortement marqué. Je vous donne un exemple : je pense qu'on se souvient tous, ce qui étions nés à cette époque-là, de ce que nous faisions le 11 septembre 2001.


Donc, en général, ce que notre cerveau emmagasine, en guise de souvenirs, est plutôt une interprétation des faits. Sur les évènements de notre vie nous gardons de la signification. Ces souvenirs et ces narratives que nous intégrons sur nous-mêmes et sur la vie vont, petit à petit, constituer notre identité.


Nous devons aussi prendre en considération que nous sommes des êtres sociaux donc il y a des narratives qui sont véhiculées, renforcées, répétées par notre environnement et par notre société. Ce renforcement facilite l’intégration de ces narratives comme si elles étaient des vérités absolues.


Ces histoires intégrées parfois nous donnent une image négative de nous-même, une image qui est centrée peut-être sur un problème et qui nous fait croire que le problème est en nous. Un des principes fondamentaux des Pratiques Narratives est que le problème est le problème, il n'est jamais en nous. Le fait de nous distinguer du problème, de l’externaliser, nous donne aussi plus de moyens et des ressources pour nous positionner et changer notre relation au problème.


Comment peut-on le faire ? C'est là qu'interviennent les Pratiques Narratives : en nous connectant à d'autres récits qui nous donnent une image plus positive de nous-même. Une image qui nous connecte aussi à nos ressources, à nos valeurs, à nos talents, aux personnes qui nous soutiennent et qui peuvent nous aider dans une démarche de positionnement face au problème.


Les Pratiques Narratives interviennent aussi par la remise en question et la déconstruction des discours dominants qui nous limitent. C'est bien là l'idée de ce podcast et son point de départ.


Dans ma pratique de coach, je me suis petit à petit spécialisée dans l'accompagnement des femmes. J’ai eu cette idée lorsque je constatais à quel point les discours de société, les discours dominants avaient un impact sur les possibilités d'action qu'avait ma cliente par rapport à une problématique en particulier.


Défier ces discours, de finalement les positionner pour ce qu'ils sont : des narratives propres à un contexte social et à un moment culturel de notre époque. En replaçant ces discours tels des narratives, nous pouvons créer de l'espace pour construire d'autres narratives et d'autres réalités.


Ces discours dominants, véhiculés et renforcés par la société sont très puissants. L'autre jour je parlais avec quelqu'un qui me disait : « Mais, au fond, ces discours qui nous limitent sont comme des croyances limitantes ? » En réalité, ils sont beaucoup plus puissants. La croyance, finalement, est en nous. Nous pouvons y travailler pour l'écarter, la surmonter et faire autrement.


Ici nous parlons de quelque chose de beaucoup plus établi. Michael White, un des pères fondateurs des Pratiques Narratives nous parle de Pouvoir Moderne.


Afin d’illustrer ce concept, nous allons faire un petit détour au 18e siècle où un philosophe qui s'appelait Jeremy Bentham a proposé un modèle de système carcéral : le panoptique. Imaginez un une prison circulaire et toutes les cellules autour d'une cour. Au centre de cette cour, prône une tour de contrôle où il y aurait le vigile qui contrôlerait toutes les cellules. Ce qui est intéressant dans ce concept est que les personnes prisonnières ne sauraient jamais si elles sont ou non surveillées. Cependant, elles auraient en permanence l'impression de l'être surveillés. En permanence ! Donc, il y a aussi un phénomène d’autorégulation des prisonniers.


Ce concept a été repris plus tard dans les années 1970 par d'autres philosophes comme Michel Foucault, comme Gilles Deleuze, dans sa forme métaphorique pour signifier que le Pouvoir Moderne était un pouvoir décentralisé. Un pouvoir qui vivait un peu en nous, qui avait aussi la capacité de nous faire intégrer des messages et que nous-mêmes, un peu comme les prisonniers du panoptique, soyons les garants de la conformité à ces normes.


Donc, le Pouvoir Moderne instaure une espèce de norme de conformité, comme un standard social, comme une notion de ce qu'est ou pas le succès. Et nous, prisonniers dans le panoptique, nous intégrons tous ces dictats. Nous sommes nous-mêmes garants de la conformité et de l'application de ces standards.


Michael White a repris ces concepts pour signifier ce qu'était le Pouvoir Moderne et pour parler des résistances. Honorer les résistances, honorer la mesure dans laquelle nous pouvons nous affirmer, nous positionner par rapport à ces discours, nous ancrer dans nos valeurs, dans des narratives différentes qui nous ressourcent, qui nous ouvrent les possibilités et qui nous permettent aussi de nous écarter d'un problème trop souvent intégré comme s’il était en nous.


L'idée du podcast m’est venue ainsi lors de mes accompagnements, lors de mes réflexions sur les effets du patriarcat. Cependant, pour cette émission, j'aimerais aborder le sujet de façon beaucoup plus large que les thématiques patriarcales. Il s’agit pour moi d’honorer les résistances.


Les résistances face à quoi ? Face à l'adversité dans un premier temps, c'est à dire que parfois l'adversité nous tombe dessus et on a peut-être l'impression d'être impuissant.e. Cependant, ce n'est pas vrai : nous déployons toujours des résistances, des moyens qui tendent vers la résilience. Parce que, comme le disait Michael White, personne n'est jamais passif face à l'adversité.


Ensuite, dans un deuxième temps, aussi les résistances face à ces discours qui nous imposent un standard de conformité et qui nous déconnectent de qui nous sommes et de qui est ce que nous voulons faire exister dans notre vie.


Alors, je voudrais vous donner quelques exemples de ces discours. Prenez le discours selon lequel avoir des enfants est incompatible avec un poste à responsabilité. Alors, vous me direz : Non ! plus personne ne dit cela aujourd’hui ! Pourtant, c'est un discours qui est incarné dans les pratiques d'entreprise. Il s’incarne dans la question lors du recrutement qui vous demande si vous allez avoir d'enfants dans les trois ans qui viennent. Et cela arrive encore ! Donc c'est quand même un discours qui incarné. Ou bien le contraire, lorsque vous avez fait le choix de ne pas avoir d'enfants. Enfin, le choix ou vous n'avez pas eu la possibilité d'en avoir. La personne ne vous le dira pas directement mais les regards en disent long. Parfois c'est un jugement pour votre égoïsme sans limites, lorsqu’il s’agit d’un choix assumé ou bien un regard de compassion face à un échec personnel dans votre mission de femme. Et ce sont des discours qui sont incarnés dans notre société.


Il y a d'autres exemples : comment notre système scolaire ainsi que nos entreprises ne sont pas préparées pour la neurodiversité. Comment le discours dominant, ce qui est valorisé n'est pas inclusif de cette diversité. Comment même, dans les parcours d'entreprise, j'ai des clientes qui viennent me voir un peu préoccupées pour mettre de la cohérence dans leur parcours « atypique » parce que cela attire encore le jugement d’un certain échec professionnel. Comment j’en suis arrivée à avoir ce parcours si atypique ? Alors qu'en réalité, cette diversité est toute la richesse de ce que vous avez à proposer avec votre profil unique.


Donc voilà quelques exemples, mais il y en a beaucoup et il y en a dans tous les domaines. Partout, nous sommes soumis à ces discours dominants qui nous limitent et que nous prenons pour de l'argent comptant.


Je m'intéresse aussi à la métagénéalogie et l'autre jour je lisais le livre de Jodorowsky, « La famille, un trésor, un piège».[1] C'est très intéressant, même si c'est un livre un peu fou. Il nous dit que tout être humain vit entre deux pressions : une pression qui vient du passé, de son arbre généalogique et qui le pousse à la conformité, à maintenir le système dans l'équilibre de ce qu'il est.


Avec cette première pression, coexiste la deuxième qui vient du futur. Elle vient de son être intérieur et de la conscience universelle. Il s’agit de cette espèce d’élan à réaliser son propre potentiel et la mission de son être intérieur.


J'ai trouvé cette métaphore très belle parce qu’effectivement elle reflète bien les tensions qui se jouent en nous et qui reflètent ce que je vous disais sur les Pratiques Narratives. Finalement, nous avons un potentiel de réalisation, des rêves et puis il y a ces discours qui nous poussent à la conformité et qui nous mettent des doutes. Nous sommes tout le temps entre ce jeu de tensions pour accomplir notre potentiel.


C’est cela que je voudrais faire dans ce podcast. Ce n’est pas dans un esprit de de rébellion ou de contradiction. Pour moi, il s’agit vraiment d’un sujet de diversité, d'équité et d'inclusion. C’est de pouvoir dire que c'est tout le monde à sa place et tout le monde a droit à avoir des rêves et accomplir son potentiel.


Dans ce podcast, j'ai donc envie de mettre à l'honneur tous ces actes de résistance. Sur certains épisodes, je serai seule mais aussi j'ai envie de donner la parole à ces personnes qui ont osé se positionner à contre-pied de ces discours dominants. Ceux et celles qui ont osé revendiquer une place et déployer toute leur créativité et courage face à l'adversité.


Le podcast aura un épisode par mois, probablement dans un format de 45 min, ce qui va être un challenge puisque j'aurais des gens vraiment intéressants. J'ai hâte de partager leur témoignage avec vous.


Et je vous invite à entreprendre ce voyage. À vous poser aussi la question : Quels sont les discours qui vous limitent ? Je vous invite à être en alignement avec qui vous êtes et à relativiser parce que ces discours ce ne sont que des narratives qui sont véhiculées. Pourtant, il faut se souvenir que nous sommes multi histoires et qu’il y a des récits qui nous rendent plus forts et qui nous connectent à nos ressources.


Mon objectif est que ces témoignages vous apportent peut-être des idées ou une source d'inspiration pour retrouver aussi la manière de vous connecter à vos ressources et de réaliser vos rêves.


Merci beaucoup et je vous retrouve très bientôt avec beaucoup d'enthousiasme pour un nouvel épisode. Suivez-nous sur Instagram sur le profil Je Résiste donc Existe Podcast et abonnez-vous à notre newsletter sur le site www.ithacoach.com.


Et souvenez-vous : les discours dominants ce ne sont que des narratives. À vous d'écrire vos histoires préférées et redevenir auteur de votre vie. À très vite !!



[1] La famille, un trésor, un piège : Métagénéalogie, comment guérir de sa famille – Auteurs : Alejandro Jodorowsky et Marianne Costa. Éditions Albin Michel 2014

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